mardi 20 septembre 2011

Psychogénéalogie par Francine Baraban

HISTOIRE FAMILIALE, LOYAUTÉS INVISIBLES ET LIBERTÉ D’ÊTRE SOI

Nous naissons tous avec une dette existentielle à acquitter.
Depuis 2 ou 3 générations (parents, grands parents, arrières grands parents), les histoires se répètent.
Nous sommes le fruit des projections et des attentes de nos parents et de notre famille, en naissant on a déjà leurs attentes sur nous, on est déjà chargés.
Au sein de toutes les familles on va se modéliser, se conformer.
Le prénom, notre prénom, c’est une histoire, et peut-être l’histoire d’une famille à reconstruire.
Le prénom, qui l’a choisi ?
Est-ce un prénom de lien ou de rupture ?
ex. : toujours le même prénom pour les garçons sur la branche du père ; donc prénom de lien / ex.: prénom de l’amant de la mère ; à chaque fois qu’il sera prononcé la charge émotionnelle sera évidente ; prénom de rupture / ex. : même prénom sur 5 générations : loyauté maximum
Exemple de répétition : au fil des générations, tous les hommes d’une famille se marient avec des femmes malades qui meurent jeunes.

Souvent on n’aime pas son prénom et on ne sait pas pourquoi.
Francine : « je n’aimais pas mon prénom et je me suis aperçu que mon père ne m’appelait jamais ».
Ex. : On peut recevoir le prénom d’un petit garçon mort précédemment à l’âge de 3 ans.
Van-Gogh est devenu fou après que son père l’ait amené au cimetière quand il était petit, et qu’il ait vu une tombe avec l’inscription : « Ci-git Vincent Van-Gogh mort à l’âge de 4 ans ».

Questions à se poser :
Est-ce que j’aime mon prénom ?
Quel sens a-t-il pour moi ?
Qui a choisi mon prénom ?
Pourquoi je pense qu’on m’a donné ce prénom ?


Par exemple, si nous portons le prénom d’un enfant mort, à chaque fois que nos parents prononceront notre prénom, ce sera tout le souvenir du disparu qui résonnera en nous à notre insu.
Même pour des gestes bénins on reproduit au quotidien:
«J’ai toujours vu faire ça dans la famille »
Ex. : ce rôti dont on coupe systématiquement les 2 bouts avant de l’enfourner, sans savoir pourquoi, mais parce qu’on l’a toujours vu faire et que notre mère l’a toujours vu faire elle aussi, et donc l’a toujours reproduit sans se demander pourquoi elle agissait ainsi.
En questionnant, on finit par avoir l’explication, parfois très banale : un jour, 2 ou 3 générations plus tôt, le plat disponible ce jour là a été trop petit pour contenir le rôti du dimanche, et cela s’est répété.
Souvent, on reproduit des comportements sans en connaître le sens ni l’origine, sans vouloir en changer, et on en reste « prisonnier » de ces actes sans jamais en avoir conscience.
On fait ce qu’on attend de nous, on ne se pose pas beaucoup de questions quand on répète le scénario.

Exemple du théorème du singe :
Un groupe de singes dans une pièce, une échelle au centre et une banane en haut de l’échelle. A chaque fois qu’un des singes monte à l’échelle et veut attraper la banane il reçoit une douche froide. Au bout d’un moment ils arrêtent de monter à l’échelle. Un nouveau singe, qui ne connaît pas l’histoire, est introduit dans le groupe. Lui il veut monter à l’échelle pour manger la banane. Quand il le fait, il est battu par les autres qui l’empêchent d’y monter. Puis un nouveau groupe de singes remplace l’ancien. Ils ne savent rien de l’histoire du groupe précédent, et pourtant ils ne montent pas sur l’échelle pour aller chercher la banane. C’est appris, imprimé, mais aucun ne sait pourquoi.
Il y a donc transmission inconsciente même si l’on n’a pas vécu les mêmes choses.
Et si les deux branches familiales amènent la même transmission c’est encore plus fort. Les événements qui se répètent sont encore plus fréquents et plus nombreux.

Le secret : Pour la 1ère génération c’est protéger une personne en excluant les autres (comme un deuil : c’est indicible, la parole ne peut plus libérer, c’est trop douloureux).
Pour la 2ème génération, c’est impensable, ça fait trop mal, le sentiment de honte est trop fort.
Exemples suivant les époques : deuil, syphilis, cancer, sida, meurtre, prostitution, alcoolisme, tuberculose, inceste, suicide, prison, chômage…
Ex. : « nous dans notre famille on meurt jeunes ».
Ou : « dans notre famille on attrape tous le cancer ».
Ou on peut retrouver la même façon de se suicider.
Témoins ces Juifs qui ont été massacrés par les Nazis sans savoir pourquoi, et qui ont été obligés de se cacher pendant la guerre.
Ils reproduisent le même comportement une fois la paix revenue. Ils ont honte de dire qu’ils sont Juifs de peur d’être rejetés à nouveau. Ils se cachent encore, ils dissimulent, le traumatisme est si vivace que leurs enfants le reproduisent sans l’avoir vécu.
Or, la honte est un sentiment, une émotion qui disparaît quand elle est exprimée. Il est donc capital de changer le processus en brisant la loi du silence.
L’inconscient familial fait que malgré le secret, on sait. Dans notre famille quelque chose ne va pas, que tout le monde sait autour de nous, mais que nous-mêmes ignorons. Les secrets transpirent et se savent.
Ex. : Dans notre société, 15 à 20 % des filiations ne seraient pas « véritables », ce qui est énorme et générateur de souffrances.

Sur les questions que je me pose sur ma famille, notre génogramme peut nous apporter des réponses.

Loyauté envers sa famille ou envers soi-même.
Le domaine professionnel : un métier que l’on n’aime pas, sans vraiment savoir pourquoi, comme le prénom, c’est une loyauté invisible.
Idem pour ces schémas de couples que l’on répète toute sa vie.

L’alcoolisme est transgénérationnel, il se transmet par le père, mais il n’est pas héréditaire. Pour faire face à certains évènements la seule réponse trouvée est de se mettre à boire.
L’inceste est une loyauté invisible : exemple, une femme épouse un homme incestueux car elle a subi elle-même un inceste, et par loyauté envers celui qui a été incestueux à son encontre, elle choisit un homme qui va devenir incestueux avec sa fille
.
Qu’est ce qui ne me convient pas dans ma vie ?
Les dates : syndromes d’anniversaires ?
Considérer la date d’anniversaire, et de conception.
Psychogénosociogramme = génogramme = histoire de la personne dans le contexte où elle a vécu. Ce n’est pas un arbre généalogique, outil utile, mais avec lequel on n’apprend pas grand-chose.
Rappel : Le lien parental demeurera toujours, alors qu’un lien conjugal peut s’arrêter.
La reproduction, de génération en génération.
Si l’on peut, remonter à 3 générations avec les dates de naissances, de morts, les métiers, les prénoms.
Poser des questions à son entourage, à la famille, aux voisins, archives, livrets militaires, avec les dates…
Recherches par rapport à des hypothèses. Petit à petit reconstruire l’histoire de la famille. Dans les familles fermées se sont des hypothèses, mais même si on a très peu d’éléments c’est déjà une indication.
Savoir est le 1er pas pour permettre de guérir, même si ça n’est quelquefois pas suffisant pour y arriver.
Parfois on s’oppose, par réaction, pour faire le contraire, ce sont des antagonismes obligés.
On reproduit (fidélité à sa filiation), car sinon on se sent exclu. Voir Boris Cyrulnik et l’histoire du vilain petit canard, qui malgré sa beauté était malheureux d’être différent.
On fait comme les autres pour ne pas se couper, pour obtenir la reconnaissance que nous attendons en permanence, et que nous ne pourrons trouver qu’en nous-mêmes.

Un enfant élevé par ses grands parents, sur le même niveau que ses parents est un enfant otage, les grands parents deviennent les parents.
On est loyal par la génétique et le sang, donc un enfant adopté est loyal envers sa famille biologique. Mais il voudra aussi être loyal avec sa famille adoptive, d’où tensions et souffrances sans raison apparente.
Et que dire des suites des fécondations in vitro ?
Le 1er sens qui se développe chez l’enfant est l’odorat.
Dans le ventre de sa mère biologique, pendant 9 mois, il ressent beaucoup, il est en symbiose, l’odeur de sa mère est omniprésente.
Un enfant adopté se considère d’abord comme un enfant abandonné.

La dette existentielle :
La vie est un grand livre de compte avec les plus et les moins qui doivent être équilibrés au moment de mourir si l’on ne veut pas transmettre une dette à la génération suivante qui devra la subir et l’assumer.
C’est comme la Gestalt, quoiqu’il arrive, tant qu’on n’a pas refermé la boucle, ça nous revient toujours en pleine face. Boucler ce qu’on a à boucler est une façon de payer ses dettes, on ne peut pas y échapper.
Souvent ce sont des deuils à faire.
Et si on ne fait pas le deuil, on ne peut pas réinvestir.

Selon Salvador Minochine, il y a 2 types de familles : enchevêtrée et désengagée.
Elles sont différentes, jamais en contact.
Famille enchevêtrée : vue de l’extérieur, c’est la famille idéale, fusionnelle, c’est merveilleux, sauf qu’à l’extrême, cela entraîne des psychoses, des paranoïas, car on n’a pas le droit d’exister en tant qu’individu. Tout ce qui vient de l’extérieur est rejeté. D’où un besoin d’aide thérapeutique pour respirer, pour exister par nous-mêmes.
Famille désengagée : chacun fait sa vie, il n’y a pas de lien. Avantage : ça développe la responsabilité, l’autonomie, mais aussi les sabotages et à l’extrême la délinquance, la prison…

Une émotion refoulée, non exprimée (colère, honte…), s’imprime, et nous rend malades.
Expression = sortir la pression, à l’extérieur, parler.
Sinon : dépression (soudaine) qui est une grosse couche de colère sur laquelle on met une petite couche de tristesse et on ferme hermétiquement. Résultat, on ne sent plus rien.
Oser pleurer, et dire, consciemment, et l’assumer.
Ne pas dire peut devenir un mode de fonctionnement. On trouve aussi des familles où on ne parle des autres pour arriver à parler de soi.
Si c’est dit, si on parle, ça ne se reproduira pas.
On peut alors plus facilement décider de cesser d’être le spectateur de sa propre vie pour en devenir l’acteur.
Il y a un lien très fort entre notre vie d’aujourd’hui et nos vies ancestrales. Toute notre vie on peut faire un travail thérapeutique qui va permettre, en nous réparant nous-mêmes, de réparer aussi nos aïeux et nous éviter de transmettre cette dette à notre descendance.
Quand on fait un génogramme sur un mur, on voit apparaître des transversales, des liens, on fait des découvertes !
Par le truchement des champs énergétiques on peut également recevoir des infos on ne sait pas pourquoi ni comment.
La culpabilité c’est « le faire ».
La honte, c’est « l’être » (la peur d’être jugé).
« Ce qui ne remonte pas à ma conscience devient mon destin » Jung
Part Francine Baraban
Vendredi 16 Sept. 2011 à Nîmes / Association « De Bouche à Oreilles »

1 réactions:

Anonyme a dit…

Très belle soirée. Merci !

Enregistrer un commentaire