lundi 1 novembre 2010

L'Agriculture biologique peut-elle nourrir le monde?


Thème du café des créatifs culturels du 21 octobre 2010 animé par: JP Cabanis

Jean Paul CABANIS est producteur bio ( vigneron) est formateur en Développement durable.
Une des premières objections à l’agriculture biologique pourrait être : « si on étend le principe, la faim peut-elle être vaincue ? »
J-P. C. n’est pas expert international. Il aborde la question avec son expérience de paysan (et son bon sens citoyen) et la partage avec nous en 3 temps :
1°) Concept agriculture biologique et approchant…
2°) L’agriculture « normale » peut-elle nourrir le monde ?
Constat d’échec entraînant la malnutrition dans le monde.
3°) Nourrir sur quel modèle ?

1°) Qu’est-ce qu’on entend par agriculture biologique ?
- L’agriculture biologique est soumise à des règlements européens et autres (USAID = Agence des Etats Unis pour le Développement International).Les pesticides sont strictement interdits ainsi que les OGM.
- Objectifs :
- Qualité hygiénique des aliments,
- Non pollution de l’environnement,
- Changer la place de l’agriculteur dans la société.

- L’aspect santé est primordial.

- Il existe d’autres pratiques : l’agriculture raisonnée, l’agriculture intégrée, l’agriculture HVE et écologiquement intensive et l’agriculture paysanne.
En termes de rendement, ils sont inférieurs pour les céréales d’hiver, similaires pour les fruits et légumes. Il peut exister de rares impasses techniques, mais l’agriculture biologique nécessite plus de main d’œuvre. Le prix de revient est supérieur de 10 à 30 %. L’agriculture biologique augmente dans le monde de 13% par an pour couvrir 32 millions d’hectares, ce qui ne représente encore que 0.8% du total des surfaces agricoles mondiales.

2°) Qu’a fait l’agriculture conventionnelle ?

Jusqu’à la dernière guerre mondiale, l’agriculture restait assez traditionnelle. Avec la réapparition du spectre de la faim, l’occident a investi chez lui pour se nourrir. Depuis le plan Marshall, on assiste à la substitution du capital au travail grâce à la mécanisation, aux semences, aux engrais, aux produits phytosanitaires et à la maîtrise de l’eau.
Les investissements se sont déplacés en Inde, en Asie et en Afrique pour contrer le communisme (cf. Révolution verte en Inde)
Le résultat est relativement efficace en Inde, mais pas en Afrique. Les conséquences de cette agriculture sont lourdes : pollution, perte de terre, santé, suicides, hiérarchisation sociale : seuls les paysans les plus fortunés ont accès aux prêts…
Le constat est désastreux : malnutrition d’un milliard de personnes, émeutes…
Le système peut-il se poursuivre ? Il semble que non, au moins parce que l’énergie est rare et chère et à cause du manque d’argent public.
De plus, le commerce international le veut-il ? (cf. émeute de la faim et, Ravignan, in « La faim pourquoi ? » : « Il ne s’agit pas de savoir comment nourrir l’humanité, mais comment ne pas l’empêcher de se nourrir elle même »)
Le commerce est inéquitable : Les subventions à l’export entraînent une occidentalisation de la consommation dans les villes des pays du sud où l’alimentation traditionnelle est remplacée par le blé, le riz et la viande. L’OMC (Organisation Mondiale du Commerce) réduit les droits de douane et décourage la production vivrière locale.

Se nourrir ? Sur quel modèle ?

Quel modèle adopter ? Le modèle américain, le modèle chinois ou africain ?
Le modèle américain n’est ni exportable ni reproductible à l’ensemble de la planète, principalement à cause de la consommation quotidienne de viande à tous les repas.

Le gaspillage règne en maître en occident où une étude anglaise portant sur nos poubelles a montré qu’une famille moyenne jete 140 Kg d’aliments par an…

Conclusion

Une agriculture plus écologique est non seulement possible mais aussi obligatoire et inéluctable.

L’agriculture biologique demande plus d’intelligence, plus de main d’œuvre et moins d’energie. Les potentiel de production varient selon les régions ; en climat tempéré, il sont similaires. Les pays du Sahel connaitront peu de progrès mais les zones tropicales, humides et intermédiaires ont un gros potentiel de production.

Pour repondre aux previsions de la croissance demographique à l’horizon 2050, (9 milliards d’Hommes), l’équilibre est possible, avec cinq conditions :

1/ Agriculture écologique, qui ne s’interdit pas l’usage ponctuel d’engrais ou de produits phytosanitaires pour sauver une récolte.
2/ Un accès plus facile au foncier.
3/ Investir dans l’amélioration des transports
4/ Adopter « le régime alimentaire mexicain » (consommation de la viande deux fois par semaine…)
5/ Faire évoluer les mentalités : que la ville cesse de mépriser la campagne et que le Nord cesse de mépriser le Sud.

Encore faut-il le vouloir vraiment ! Quid du commerce international ?

Pour De Bouche à Oreilles :MPC + R.F.

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